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Spidy, Tartiflette & Compagnie
16 novembre 2015

Chapitre 5

         Au cours des jours suivants, Hugo m'enseigna ce dont j'avais besoin pour effectuer correctement mon nouveau job. J'appris donc à me concentrer, à me relaxer, à visualiser (très utile pour l'implantation des rêves), à me maîtriser…
         Plus ou moins.
         Contre toute attente, je me débrouillais plutôt bien. Et j'avais même l'autorisation de sortir quelques heures par jour. L'extérieur se résumait à un immense pré à perte de vue.
         Sans autoroute.
         Il m'arrivait de rencontrer d'autres individus comme moi. Mais allez savoir pourquoi, nous ne ressentions pas le besoin de lier connaissance. Hugo était le seul être avec lequel j'étais en contact et cela me convenait parfaitement.
         Il y a un point que je n'ai pas mentionné jusqu'à présent, car pour moi il coule de source; ici nous n'avons besoin ni de dormir, ni de manger. En ce qui concerne la respiration, je peux également m'en passer. Mais elle demeure très utile pour me calmer et me concentrer (et, pour tout vous dire, je tiens à conserver ce dernier lien qui me rattache à mon ancienne vie terrestre aussi longtemps qu'il m'est possible de le faire)
         Puis vint enfin le jour "J". Celui où j'allais pouvoir mettre ma théorie en pratique: le grand saut dans le cerveau de Fontaine!
         Assise sur mon lit, face à mon écran, j'attendais Hugo en faisant des moulinets avec mes jambes. A mesure que le temps passait, mon euphorie faisait place au doute. Etais-je réellement capable de mener cette tâche à bien?
         Deux coups frappés à ma porte me sortirent de ma torpeur.
         - Bonjour Zoé, dit Hugo en refermant la porte derrière lui.
         - Bonjour Hugo, répondis-je machinalement. Hugo… Etes-vous certain que je possède les qualités requises pour ce travail? Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais j'ai déjà du mal à m'occuper de moi. Alors materner Fontaine, je ne sais pas si c'est réellement dans mes cordes…
         Hugo vint s’asseoir à mes côtés.
         - Ne vous tracassez pas, Zoé. Tout se passera bien, me rassura-t-il. Pour commencer, vous allez vous connecter à monsieur Fontaine pendant l'une de ses phases de réveil. Ceci vous permettra de vous imprégner de ses émotions, de ses ressentis. De voir dans quel état d'esprit il se trouve. Il vous sera ensuite plus facile d'implanter des rêves ciblés et cela vous évitera ainsi de trop vous disperser. Et vos efforts porteront leurs fruits plus rapidement. Et n'oubliez pas, Zoé. Vous ne pourrez pas lire dans ses pensées. Votre talent se limite uniquement à connaître l'état d'esprit dans lequel il se trouve. On y va?
         Je me redressai et me concentrai sur mon écran.
         - On y va. Mais au fait… Quelle heure est-il sur terre? Quel jour? demandai-je.
         - Il est neuf heures passées de trente-cinq minutes. Le sept mai deux mille treize.
         J’étais abasourdie.
         - Le sept mai? Je suis morte depuis déjà trois semaines?
         - Le temps s'écoule plus rapidement en ce lieu que sur terre, Zoé.
         Je fermai les yeux pour mieux canaliser mes pensées.
         - C'est le moins que l'on puisse dire, Hugo… Ils sont donc tous en pause en ce moment… murmurai-je.
         Sous la pression, je mis bien entendu plus de temps que je n'en mettais pendant mes entrainements pour me relier à Fontaine. Hugo restait silencieux. Je lui étais reconnaissante de ne pas perturber mes efforts de concentration par son empressement. Après quelques minutes, je ressentis un léger chatouillis dans mon crâne. Cela signifiait que j'étais parvenue à me brancher au cerveau de Fontaine. Puis, quelques secondes plus tard, les chatouilles s'intensifièrent et muèrent en fourmillements, pour laisser ensuite la place à une onde de chaleur. J'ouvris les yeux et fixai intensément l'écran noir. Il émit des grésillements et des points lumineux firent leur apparition. Il ne leur fallut que trois ou quatre secondes de plus pour grossir et occuper tout l'écran afin de former une image nette.
         J'avais réussi et je me trouvais effectivement dans mon ancienne salle de pause. Fontaine se tenait debout. Des effluves de caféines chatouillèrent mes narines. Il contemplait la table ronde, placée au centre de la pièce, autour de laquelle étaient assis Francine et Louis Ménard, ainsi qu'Anne Blondeau, l'employée la plus âgée de mon ancien bureau. L'espace d'un instant, sous le coup de l'émotion, je relâchai mon attention et l'image devint floue. Mais je me repris et elle se rétablit sur le champ.

          Francine remuait fébrilement les lèvres et tripotait sa tasse de thé, irritée. Elle fixait son mari.

          Puis vint le son…

         Je l’entendis alors rugir. Apparemment, elle pétait la forme. Je souris.
         - … pff… ce sont les lionnes qui chassent pour nourrir le clan. Même chez les animaux, c'est la femme qui doit se charger de la bouffe. Et il fait quoi, le lion pendant ce temps? Il regarde le sport à la télé!
         Louis tourna nerveusement une page de son journal sans lever les yeux.
         - Mais bien sûr! répondit-il. Juste au cas où tu l'aurais oublié, le lion, lui, il bosse pour payer les traites de la maison et les idées de luxe de sa lionne!
         - Parce que moi, je ne bosse pas, peut-être? renchérit Francine en montant d'un ton. Et en plus, je suis moins bien payée que ces Messieurs pour faire le même boulot.
         - Voilà autre chose… Ça, tu n'en sais foutrement rien, ma pauvre Francine.
         - Bien sûr, que j'en sais quelque chose. Ils l'ont dit hier soir à la télé, que les femmes étaient moins bien payées que vous autres.
         Louis referma violemment son journal, se leva et s’empara de sa tasse à café, avant d’aboyer :
         - Ouhai. Ben tu sais quoi? Tu devrais peut-être la regarder moins souvent, la télé, et t'occuper un peu plus de ton ménage!
         Francine siffla entre ses dents.
         - Pauvre type...
         Son mari se précipita vers le lave-vaisselle. Fontaine, appuyé contre ce dernier, eut juste le temps de s'écarter avant qu’il ouvrît la porte de l'engin pour y engouffrer sa tasse. Ce qui eut pour conséquence, pour moi et Hugo, de nous filer un haut le cœur effet "montagnes russes" puisque nous n'étions pas préparés à ce brusque déportement.
         Louis quitta ensuite la pièce précipitamment en claquant la porte et le silence s'installa. Anne leva les yeux de son bouquin en réajustant ses lunettes sur son nez et tourna la tête vers Francine pour lui demander timidement si tout allait bien chez les Ménard. Ce à quoi Francine lui répondit que madame Blondeau ferait mieux de se mêler de ses affaires, avant de se replonger dans la contemplation de son thé.
         Fontaine regarda sa montre, puis ouvrit la porte du lave-vaisselle et y déposa sa tasse avant de la refermer. Il jeta un dernier coup d'œil aux deux femmes assises en silence et quitta la pièce. Il traversa le couloir pour se diriger vers l'ascenseur, qui le mena un étage plus haut. Nouveau couloir, puis la porte de son bureau. Trois personnes, lui y compris, travaillent à temps complet dans ce bureau. Il s'assit derrière un tas de documents et fixa son écran d'ordinateur.
         Je me concentrai de plus belle. Comme me l'avait indiqué Hugo, je ne parvenais pas à lire dans ses pensées. Mais ses émotions jaillissaient avec une telle intensité… Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi fort. J'avais l'impression de nager dans un océan de tristesse. Et cela me mit mal à l'aise de violer ainsi son intimité, même si je ne le portais pas dans mon cœur. Soudain, il secoua la tête pour chasser ses idées sombres (retour des hauts le cœur pour moi et Hugo) et se plongea dans la signature de son courrier. Je sentais la fatigue m'envahir et j'en avais assez vu pour une première fois.
         Je mis fin à la connexion

         et me retrouvai assise sur mon lit, complètement vannée. De cela aussi, Hugo m'avait mise en garde. Mais bon, vous savez tous comment c'est. On a de la difficulté à croire certaines choses avant de les avoir expérimentées.
         Voilà, ce point était maintenant réglé.
         Du moins en partie.
         Je tentai de lever la tête vers Hugo, sans y parvenir.
         - Restez tranquille, Zoé. Allongez-vous et reposez vous quelques heures.
         Je suivis son conseil avant de perdre connaissance. 

         A mon réveil, j'avais la gueule de bois. Je me redressai péniblement pour m'asseoir sur mon  lit et constatai que Hugo avait disparu. Je pris ma tête entre les mains et fermai les yeux quelques instants en respirant profondément.
         Quelques minutes plus tard, j'étais à nouveau opérationnelle. J’ouvris à nouveau les yeux et repensai à Fontaine. Pourquoi était-il si abattu? En fait, j'ignorais tout de sa vie. Et son attitude durant la discussion houleuse entre les Ménard me déconcertait. Il avait semblé amusé. Je fouillai dans ma mémoire à la recherche d’une occasion où je l’avais vu esquissé un sourire.
         Je n'en trouvais aucune. Jamais je ne l’avais vu sourire.
         Avait-il changé à ce point après mon décès?
         Les pauses matinales se déroulaient toujours de la même manière. Il entrait dans la salle à neuf heures trente précises, précédé de sa canne. Lançait un "bonjour" monocorde sans nous regarder. Prenait une tasse dans le placard au-dessus de l’évier, qu’il plaçait ensuite dans la machine à café. Puis, sa tasse fumante en main, il s’appuyait contre le lave-vaisselle et nous observait à la dérobée. Il restait ainsi quinze minutes, montre en main, sans ouvrir la bouche, le visage impassible. Il me rappelait un prof que j’avais eu à l’école primaire, le "croque-mort". Toujours vêtu de son horrible costume trois pièces noir, le teint cireux. Je devais avoir huit ou neuf ans. Pendant la récréation, il restait planté sur le seuil, en haut des marches, et nous scrutait derrière ses lunettes à double foyer. Inflexible quelque ait été le temps au dehors. Maintenant que j’y pense, il présentait une vague ressemblance avec Hades, le Dieu des Enfers dans le dessin animé de Disney[1].
         L’humour en moins.
         Oui, Fontaine affichait toujours la même attitude hautaine, debout devant nous autres, pauvres mortels assis autour de la table ronde de BigBoss. A chaque fois que j'avais levé les yeux vers lui, je m'étais demandée pour quelle raison il venait ainsi envahir notre territoire, alors qu’il semblait s’ennuyer à mourir. Sans oublier son air outragé lors des fréquentes rixes verbales de Francine et Louis.
         Mais tout à l’heure, pendant que je me baladais dans sa tête, je n'avais perçu aucune trace de mépris à leur égard. Il paraissait même plutôt amusé.
         - Tout va bien, Zoé? Etes-vous parvenue à vous reposer?
         Je fis un bon dans mon lit et me mordis la lèvre.
         - Aïe, m'indignai-je. Vous pourriez frapper avant d'entrer!
         Hugo me sourit et s’approcha de moi.
         - J'ai frappé deux coups, comme toujours…
         Tout en massant ma lèvre endolorie avec mon index, je lui lançai un regard assassin qu’il eut la sagesse de faire semblant d'ignorer.
         - Mmm, grognai-je.
         - Alors, Zoé, dit-il en se frottant les mains. Quelles sont vos premières impressions? Que ressentez-vous après votre première connexion? Est-ce ce à quoi vous vous attendiez?
         - A vrai dire, je ne m'attendais à rien en particulier. C'est assez déroutant, comme expérience. Et puis je déteste tous ces hauts le cœur à chaque fois qu'il change brusquement de position. C'est franchement désagréable, comme sensation.
         Il s’assit en face de moi, sur la chaise de Ludivine.
         - Vous vous y habituerez, ne vous inquiétez pas.
         - Vraiment? Pourtant… hasardai-je en me penchant vers lui et en pointant mon index sous son nez, j'ai eu l'impression que vous aussi, vous n'en meniez pas large tout à l'heure.
         Il fit un mouvement de recul avant de bafouiller:
         - Hum… Oui… Et bien… A vrai dire, je manque un peu d'entraînement. Et c'est très différent pour moi. Je ne suis qu'un simple spectateur externe.
         - Mais bien sûr, murmurai-je. Un simple spectateur externe, vous m’en direz tant…
         Il se pencha vers moi et colla son index sous mon nez.
         - De plus, pour votre information, il s'est écoulé deux jours terrestres depuis votre perte de connaissance, et non quelques instants.
         Je me levai d’un bond. Debout sur mon lit, je brandis mon bras tel une épée.
         - Deux jours? Diantre! lançai-je sur un ton qui se voulait théâtral. Heureusement que mon temps n'est pas compté...
         Dans mon élan, je perdis l'équilibre et me retrouvai par terre, sur les fesses. Hugo se précipita vers moi, l’air soucieux.
         - Etes-vous certaine que tout va bien, Zoé? demanda-t-il en m’aidant à me relever.
         - Ouhai, tout va très bien, rétorquai-je pendant que je me massais les fesses. Vous flipper pour mes fesses ou pour ma santé mentale?
         Il parut soudain embarrassé.
         - Il arrive quelque fois que la première connexion provoque quelques… troubles du comportement.
         - Troubles du comportement? Je ne me souviens pas que vous m'en ayez parlé, Hugo, de ces troubles du comportement… Un oubli volontaire de votre part? demandai-je outrée.
         En réalité, je ne l'étais pas le moins du monde, mais pour une fois que je pouvais mettre Hugo mal à l'aise, je n'allais pas me priver de ce petit plaisir. Il se dandinait, tout penaud, en examinant ses pieds.
         - Euh… Oui, en effet. Je pense avoir omis de vous parler de ce petit effet secondaire, répondit-il.
         J’éclatai soudain de rire.
         - Relax, Hugo, je ne vais pas aller vous dénoncer. Vous avez de la chance que je vous aime bien.
         - Moi aussi, je vous apprécie beaucoup, Zoé. Et c'est très charitable de votre part de passer ma bévue sous silence.
         Nous nous regardâmes en souriant. Puis je me rassis sur mon lit.
         - Et maintenant, c'est quoi la suite des réjouissances? demandai-je à Hugo en me frottant les mains.
         - Monsieur Fontaine dort en ce moment. Vous allez donc pouvoir entrer dans l'un de ses rêves.
         Les choses sérieuses commençaient enfin.
         Hugo prit place à mes côtés. Je fermai les yeux et me concentrai pour établir le contact avec l'esprit endormi de Fontaine. Après quelques secondes, j'ouvris les yeux. Mais l'écran refusait d'afficher la moindre particule de lumière. Je ne comprenais pas ce qui se passait. La première fois, des points lumineux étaient apparus pour se muer ensuite en image. Mais là, rien ne se déroulait comme prévu. Je me tournai vers Hugo, au risque de perdre la connexion. Il m'ordonna de rester focalisée sur mon écran. Après ce qui me sembla une éternité, une image commença à se former.

         Je me trouvais dans un sous-sol humide et mal éclairé, en face d'un mur de briques grisâtres. Un liquide cristallin transpirait de la paroi. Sur ma droite, un homme se déplaçait nerveusement en se cramponnant au mur, comme s'il fuyait quelque chose ou quelqu'un. Je décidai de me rapprocher de lui. La résonnance de mes pas le fit sursauter. Il s'arrêta et tourna la tête dans ma direction, l'air affolé. Ses yeux étaient fermés. Il les ouvrit pour les refermer aussitôt, comme si cela le faisait souffrir.
         Fontaine.
         Je n'avais pas pensé à lui car cet homme ne boitait pas. Tremblotant, il reprit sa route et accéléra le pas en s'agrippant au mur. Qu'est-ce qui pouvait bien le mettre dans cet état? Son affolement devint contagieux et je commençai à flipper à mon tour. Je me souvins que Hugo m'avait dit que j'étais une véritable éponge à émotions quand je me trouvais connectée à Fontaine. L'espace d'un instant, je faillis prendre la poudre d'escampette et le laisser se débrouiller tout seul dans son cauchemar d'allumé.
         Puis je me ressaisis.
         Je ne pouvais pas l’abandonner dans son état, aussi désemparé. Je devais absolument le secourir. Et, de toute manière, que pourrait-il m'arriver? J'étais déjà morte. Et je me trouvais dans un rêve, pas dans le monde réel. Je pris donc mon courage à deux mains et lui emboîtai le pas. Il regarda de nouveau derrière lui et je fis de même.
         Toujours rien.
         Je décidai d'accélérer la cadence pour en finir au plus vite. Non seulement j'étais morte de trouille mais, pour couronner le tout, je sentais que je ne pourrais plus rester connectée bien longtemps. Mon énergie se vidait trop rapidement. Je me mis à courir et stoppai net devant lui, bras tendus. Il me percuta en arrivant à ma hauteur et se mit à hurler comme un dément.
         Instinctivement, je pris ses mains et les broyai dans les miennes.
         - Fontaine, calmez-vous! Je vous en supplie… Vous me faites vraiment flipper, là… Essayez de respirer calmement… Inspirez… Expirez… Inspirez…
         A mesure que je lui parlais, j'entendais sa respiration revenir à la normale. Et ses tremblements cessèrent. Il me fixa de ses paupières closes. Il essaya à nouveau d'ouvrir les yeux, sans résultat, et tenta de me dire quelque chose. Mais aucun son ne sortit de sa bouche.
         Ou peut-être était-ce moi qui ne l'entendais pas?
         Je lâchai une de ses mains et le tirai dans la direction qu'il empruntait sans cesser de lui parler. Après une trentaine de secondes, j'aperçus une porte et m'arrêtai sans prévenir. Fontaine, qui n’avait pas anticipé la chose, me heurta à nouveau et nos deux têtes se trouvèrent à quelques centimètres l’une de l’autre.
         Je fus propulsée en arrière

         et me retrouvai dans ma chambre, le cul par terre et le dos plaqué contre le mur en face de mon téléviseur.



[1] Hercule, film d'animation de Disney (1997)

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Commentaires
F
Ha, c'est trop bien! Vivement la suite !!!
Spidy, Tartiflette & Compagnie
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Besoin d'aide

Bonsoir!

Je ne parviens pas à poster mon chapitre 8.

Si l'un de vous peut me dire comment procéder pour créer un menu déroulant dans cette colonne, je le remercie infiniment...

Salutations!

Et une excellente année 2016!

:)

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